Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay
La Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est une ancienne abbatiale française établie à Vézelay en Bourgogne, dans le département de l'Yonne.
Catégories :
Classé monuments historique (France) - Abbaye clunisienne - Abbaye par ordre - Abbaye - Basilique française - Architecture romane - Patrimoine mondial en France - Abbaye de l'Yonne - Monument historique de l'Yonne
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Page(s) en rapport avec ce sujet :
- Saint Bernard prêchant la 2e croisade, à Vézelay, en 1146... de la nef (XIX e siècle). Plan du chœur de l'église de Vézelay, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856.... L'arrière de la basilique. Basilique Sainte Madeleine, Vézelay... (source : techno-science)
- Basilique Sainte - Marie - Madeleine de Vézelay. Au début du IXème siècle, ... l'autre, de moniales, sur le domaine de Vézelay, à l'emplacement actuel de Saint - Père.... d'un chœur avec déambulatoire, greffé sur la nef carolingienne.... (source : patrimoinedumorvan)
- Photographies et dimensions de l'abbatiale Sainte - Marie - Madeleine de Vézelay en bourgogne : narthex, nef, collatéraux, transept, chœur, chapiteaux. (source : artcheo.free)
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Latitude Longitude |
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Ville | Vézelay | |||
Pays | France | |||
Région | Bourgogne | |||
Département | Yonne | |||
Culte | Catholique romain | |||
Type | Basilique (ancienne abbatiale) | |||
Rattaché à | Fraternités monastiques de Jérusalem | |||
Début de la construction |
1120 1185 (chœur et transept) |
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Fin des travaux | 1150 1190 (chœur et transept) |
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Style (s) dominant (s) |
Roman Gothique (chœur et transept) |
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Classé (e) | Monument historique (1840) Patrimoine mondial (1979) |
La Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est une ancienne abbatiale française établie à Vézelay en Bourgogne, dans le département de l'Yonne (89).
Sur la route qui mène à Vézelay, la croix Montjoie symbolise la joie du pèlerin apercevant pour la première fois la basilique.
En effet, c'est à pied qu'il faut rejoindre ce haut lieu de la chrétienté du Moyen Âge, lieu de pèlerinage important sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, dont le tympan du narthex de la basilique est un des chefs-d'œuvre de la sculpture romane.
Cette église fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840[1]. |
Chronologie
- 861 : Des moines bénédictins s'installent au sommet de la colline de Vézelay. Un moine est envoyé à Saint-Maximin en Provence pour ramener les reliques de Marie-Madeleine.
- 878 : Le pape Jean VIII dédicace la première église carolingienne du monastère, dont la crypte subsiste aujourd'hui.
- L'abbé Geoffroy expose les reliques de Marie-Madeleine. Des miracles se produisent. Les pèlerins affluent et font de Vézelay une étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
- La réputation de l'abbaye permet au village de prospérer, le bourg se développe et devient une ville qui attire de plus en plus de pèlerins tels que le duc de Bourgogne Hugues II et sa cour en 1084. Ou, plus tard, Bernard de Clairvaux (Saint Bernard) qui vient pour prêcher la 2e croisade en 1146, Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, avant leur départ pour la 3e croisade en 1190, ou encore Louis IX en 1248…
- 1096 : L'abbé Artaud entreprend l'édification d'une nouvelle église, un nouveau chœur et un nouveau transept sont fabriqués, les travaux dureront jusqu'en 1104. Seule la nef de l'église carolingienne sera conservée.
- 1106 : Les habitants, qui ne supportent plus la charge du financement des travaux de construction de la nouvelle église, se révoltent et tuent l'abbé Artaud.
- Le 21 juillet 1120, c'est lors de la veillée de Sainte-Madeleine, que la charpente de l'abbatiale prend feu et s'effondre (causant la mort de 1127 personnes). Une nouvelle nef sera construite et celle-ci est achevée en 1138.
- 1140-1145 : Construction des trois travées du narthex roman à l'avant de la nef. La voûte de la chapelle Saint-Michel localisée à l'étage sur la tribune, aura une croisée d'ogive, la plus ancienne de Bourgogne et l'une des plus anciennes de France.
- 31 mars 1146 : Le jour de Pâques, saint Bernard, abbé de Clairvaux, prêche la seconde croisade sur le versant nord de la colline.
- 1162 : L'abbaye se sépare de la congrégation de Cluny et s'affranchit de l'évêque d'Autun en se plaçant sous la protection du roi de France.
- 1165 : un incendie ravage la crypte localisée sous le chœur.
- 1166 : L'archevêque de Cantorbéry Thomas Becket prononce dans l'église l'excommunication du roi Henri II d'Angleterre.
- 2 juillet 1190 : L'armée anglaise de Richard Cœur de Lion et l'armée française de Philippe-Auguste partent de Vézelay pour la 3e croisade.
- En 1217, l'abbatiale est prise en charge par les Franciscains.
- Vers 1347, construction de la tour occidentale en style gothique. Ce sera le dernier grand chantier de l'abbaye avant son déclin.
- En 1537, l'abbaye est sécularisée.
- En 1790, l'abbatiale de Sainte Marie-Madeleine devient une simple église paroissiale. L'abbaye, vendue à la Révolution a servi de carrière de pierres, il n'en reste quasiment rien. De l'abbaye il reste cependant la salle capitulaire en bon état de conservation, servant actuellement de chapelle et le long de cette salle quelques arcades du cloître. Les maisons adjacentes portent toutes des traces des bâtiments conventuels qui étaient probablement de grande proportion.
- C'est en 1840 qu'intervient Eugène Viollet-le-Duc pour la restauration du bâtiment, suite à l'inspection faite par Prosper Mérimée. En effet, l'église avait subi bien des dommages avec le saccage par les Huguenots en 1569, les sculptures du tympan avaient été martelées aux alentours de 1793 et la foudre s'est abattue en 1819 sur la tour Saint-Michel. La restauration s'achève en 1876 par la remise des reliques de Sainte Marie-Madeleine et le rétablissement des pèlerinages, qui seront de nouveaux arrêtés en 1912.
- Enfin en 1920, Sainte Marie-Madeleine est érigée au rang de basilique et les pèlerinages peuvent enfin reprendre.
La basilique actuellement
Ce n'est qu'en 1979 que la basilique rentrera dans le patrimoine mondial de l'UNESCO.
Le 7 octobre 1993, sous les auspices de l'UNESCO et de la Présidence de la République, y eut lieu la recréation française télévisée de la Messe Solennelle d'Hector Berlioz, par le chœur et l'orchestre de la Philharmonie de Cracovie, sous la direction de Jean-Paul Penin.
Aujourd'hui, les Fraternités monastiques de Jérusalem ont en charge l'animation spirituelle de la basilique en y célébrant trois fois par jour la liturgie, en renouant avec les liturgies de Nöel, du dimanche des Rameaux, des Vigiles Pascales et de la grande fête de Pâques. Moines et Moniales assurent aussi les visites de la basilique tout au long de l'année et vivent de leur travail à mi-temps (pour préserver leur vie contemplative) en assurant le secrétariat des visites, le secrétariat de l'accueil spirituel. Ils accueillent tous ceux qui le désirent dans deux hôtelleries (Maisons Béthanie et Saint-Bernard). Ils tiennent un magasin à côté de la basilique, "La Pierre d'Angle".
La basilique de Vézelay est aussi une paroisse dont le Recteur actuel est Monseigneur François Tricard.
Vézelay et la lumière
En 1976, après plus de huit siècles, Hugues Delautre, l'un des pères franciscains chargés depuis 1966 de la desserte du sanctuaire de Vézelay, découvre que non seulement l'axe d'orientation de la Madeleine, mais également sa structure interne, ont été déterminés en tenant compte de la position de la terre comparé au soleil. Chaque année, la fête de Jean-Baptiste révèle les dimensions cosmiques de cette église : au plein midi du solstice d'été, lorsque le soleil est en culmination comparé à la terre, la lumière venue des fenêtres sud projette des flaques lumineuses qui s'établissent dans le plein milieu de la nef avec une rigoureuse précision[2], [3], [4], [5].
Pour atteindre la signification de ce signe objectif, le Père Hugues Delautre se réfère aux textes du XIIe siècle (Suger, Pierre le Vénérable, Honoré d'Autun) et habite longuement le monument avec la mentalité symbolique de l'époque pour laquelle le sens se révèle à partir des signes sensibles par la voie anagogique (littéralement ascension vers l'Incréé) où le regard dépasse la réalité du signe pour atteindre cet au-delà du signe qui est Dieu et son mystère. Se laissant informer progressivement par la lumière de Vézelay, il conclut ainsi : «Le bâtisseur, fasciné par la beauté de l'univers qu'il reconnaît être l'œuvre de Dieu, n'a-t-il pas édifié cet "atrium du Ciel" à l'image de Dieu qui a créé "dans l'ordre, la mesure et la beauté" ? Il pourrait affirmer comme Salomon qui a construit le Temple de Jérusalem dans une totale soumission aux normes directrices fixées par Dieu : "Tu m'as ordonné de bâtir un temple, sur ta montagne sainte... une copie de la Demeure sacrée que tu fondas dès l'origine" (Sagesse 9, 8). La nef est l'expression de la soumission admirative de l'homme roman à l'égard de l'ordonnance du plan divin exprimé dans la création tout entière. "Les Cieux racontent la gloire de Dieu et l'œuvre des ses mains le firmament la clame" (Psaume 18, 2)».
Quelques dimensions et caractéristiques
- Longueur extérieure : 120 m
- Le narthex
- Largeur intérieure du narthex : 23, 5 m [6]
- longueur du narthex : 22 m
- hauteur du narthex : 19, 5 m
- La nef
- Longueur de la nef : 62, 50 mètres
- Hauteur des voûtes du vaisseau central de la nef : 18, 55 mètres
- Largeur de la nef, y compris ses deux collatéraux : 23, 25 m
- Largeur du vaisseau central entre les deux axes des piles : 11 m
- Largeur de chaque collatéral : 6, 2 m
- hauteur de chaque collatéral : 7, 5 m
- Le chœur
- Hauteur sous voûte du chœur : 22 m
- Longueur du chœur : 26, 6 m
- Largeur du chœur : 10, 65 m
- Les tours
- Hauteur de la tour Saint-Michel : 38 m
- Hauteur de la tour Saint-Antoine : 35 m
- Autres
- Les piles de la nef sont cruciformes avec quatre demi-colonnes engagées. Chaque pile fait 2, 5 mètres de large.
- L'élévation de la nef est à deux niveaux (grandes arcades et fenêtres hautes). Celle du chœur est à trois niveaux (grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes). Quant au narthex, il comporte deux niveaux : grandes arcades et tribunes.
- La voûte de chaque travée du vaisseau central de la nef pèse 45 tonnes.
L'extérieur de la basilique
Chef-d'œuvre d'Architecture romane du XIIe siècle, la basilique fut rénovée par Viollet-le-Duc à partir de 1840. L'église figure sur la première liste des monuments historiques de 1840.
La façade occidentale
Elle a été profondément remaniée au XIXe siècle. La façade d'origine avait déjà été modifiée dès le XIIIe siècle par l'adjonction du grand pignon, comportant d'étroites baies élancées. Elle présente trois portails dont seul le portail central est pourvu d'un tympan sculpté.
Le pignon de la façade présente une disposition particulièrement originale. Car non seulement il permet de masquer les combles de l'édifice - ce que font normalement l'ensemble des pignons -, mais il sert aussi de tympan aux voûtes du narthex. Les baies de la partie inférieure de ce pignon forment en effet un jour qui procure de la lumière au narthex. Fait particulièrement rare, les rampants de ce pignon, au lieu d'être rectilignes, sont constitués par deux courbes donnant une ogive.
Les statues qui décorent la partie supérieure de ce pignon représentent, au sommet, le Christ assis, tenant le livre des Évangiles et bénissant ; deux anges portent une large couronne au-dessus de sa tête. À la droite du Christ, se trouve la Vierge, à sa gauche Marie-Madeleine. Enfin aux deux extrémités du groupe deux anges sont représentés.
Entre les fines baies de la façade localisées dans la partie inférieure du pignon, et éclairant le narthex, on peut voir de grandes statues de saints : saint Jean l'Évangéliste, saint André, saint Jean Baptiste, saint Pierre, saint Paul et saint Benoît.
Deux tours devaient compléter la totalité, mais celle de gauche ne fut jamais construite. Celle de droite, ou tour Saint-Michel se termine par une plate-forme et est accessible par un escalier débutant dans le narthex (au sommet, on a une vue totalement splendide). Construite au XIVe siècle, la tour est de style gothique.
Le tympan du Jugement Dernier
Le tympan qui surmonte le portail central de la façade représentant le Jugement dernier. Il fut exécuté en 1856 par le sculpteur Pascal, sous la direction de l'architecte Viollet-le-Duc. La réalisation de ce tympan au XIXe siècle, dans le style roman du XIIe siècle, fortement critiquée au départ, semble cependant être une bonne réussite. L'ancien tympan qui avait été martelé par les vandales de la révolution et était devenu presque lisse, a été adossé au mur extérieur de la huitième travée de la nef, du côté sud (à droite).
La composition est classique et inspirée d'autres Jugements Derniers de la même époque. Au centre le Christ préside la scène, les deux bras grand ouverts. À ses pieds, à sa gauche, l'archange saint Michel, un diable hideux à ses côtés, procède à la pesée des âmes. Les damnés, généralement nus, se dirigent vers l'enfer et sont avalés par la gueule d'un monstrueux Léviathan. À la droite du Christ, les élus sont menés vers la Jérusalem Céleste.
Le chœur et le chevet
Le chœur est d'époque gothique. Vers 1185-1190, sous l'abbatiat de Girard d'Arcy, un transept et un chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes gothiques voûté d'ogives y ont été fabriqués, suite à l'effondrement du chœur roman d'origine.
Le narthex est d'époque romane ; il fut construit vers 1145-1150. Profond de trois travées, il est de vaste dimension : environ carré, il mesure 23, 5 mètres de largeur sur 22 de profondeur et comporte trois vaisseaux comme la nef.
Au fond du narthex, trois portails s'ouvrent sur la nef de la basilique ; ils sont chacun surmontés d'un tympan sculpté.
Une particularité : il possède un étage de larges tribunes, contrairement au reste de l'édifice. Celles-ci surmontent les deux collatéraux mais aussi la troisième travée du vaisseau central. Cette dernière tribune (au-dessus du grand portail localisé au fond du narthex), ou tribune centrale, ouvre sur la nef. La balustrade de cette tribune centrale est ornée d'une frise d'arcs en mitre. Détail particulièrement important : la voûte sur cette tribune centrale est gothique et possède des arcs ogives. C'est un des premiers exemples qu'il y ait en France de ce genre de structure, les autres voûtes du narthex étant romanes, d'arêtes très-surhaussées. Les tribunes latérales qui se trouvent au-dessus des collatéraux s'ouvrent sur la partie centrale par des petits arcs en plein cintre reposant sur des colonnettes.
Eugène Viollet-le-Duc qui donnait aux narthex le nom de «porches fermés», estimait que celui de Vézelay était «sans doute une des œuvres les plus remarquables du moyen âge» et en fit plusieurs fort beaux croquis[7]
Le portail central du narthex et son tympan
Le tympan du portail central, ou grand tympan du narthex, est un des plus grands chefs-d'œuvre de l'art sculptural roman en France. Il représente la création historique de l'Église, avec le Christ bénissant les apôtres et leur assignant la mission de convertir les nations. Cette thématique est particulièrement unique dans l'art roman.
Toute la scène est organisée autour du Christ en gloire. Ce dernier domine les autres personnages par sa taille. Celle-ci est en effet proportionnelle à l'importance des personnages représentés.
Le visage impassible du Christ contraste avec sa position en forme d'éclair et le mouvement tourbillonnant de ses vêtements. Des rayons partent latéralement de ses mains, en direction des apôtres. Cela symbolise la transmission de l'esprit du Christ mais aussi l'attribution d'une mission à ces derniers : "Allez et enseignez l'ensemble des Nations".
Les douze apôtres tiennent à la main le livre Sacré et sont prêts à partir aux quatre coins du monde. Et ce monde est représenté dans toute sa diversité : dans huit caissons, disposés en demi-cercle en bordure supérieure du tympan, on peut reconnaître de gauche à droite, en premier lieu deux apôtres en train d'écrire, puis les Juifs, les Cappadociens, les Arabes semble-t-il, les Cynocéphales censés habiter aux Indes, les Phrygiens, les Byzantins et les Arméniens.
Dans la première voussure entourant ce tympan, les signes du zodiaque alternent avec les travaux des mois.
Au linteau, on a représenté les peuples connus (à gauche) et inconnus (à droite) marchant vers le centre, c'est-à-dire l'Église du Christ, symbole de leur conversion. Peuples connus et inconnus se dirigent ainsi vers deux personnages de haute taille positionnés aux pieds du Christ et qui doivent amener ces peuples à ce dernier ; il s'agit de saint Pierre, reconnaissable grâce à sa clé, et saint Paul, les deux piliers principaux de l'Église.
Au trumeau de ce portail central se dresse la statue de saint Jean Baptiste, Précurseur du Christ. Il tient de la main droite son respectant les traditions plateau, portant l'agneau mystique surmonté de la croix.
Le portail de droite
Le tympan du portail de droite (au sud) est consacré à Marie ainsi qu'à la Nativité.
On y voit l'Annonciation, la Visitation, l'apparition du Christ ou Nativité et aussi l'Adoration des Rois Mages.
Le portail de gauche
Le tympan de gauche (au nord) représente deux scènes liées à la vie du Christ ressuscité. Le registre supérieur représente soit l'Ascension soit une apparition du Christ ressuscité aux apôtres.
Le registre inférieur retrace la rencontre d'Emmaüs, où les disciples reconnaissent le Christ au partage du pain.
La nef
Plus longue (62 m) que celle des grandes cathédrales françaises comme Notre-Dame de Paris (60 m) ou Notre-Dame d'Amiens (54 m), la large nef est impressionnante. Plus claire que le narthex, elle apparaît comme un long chemin vers le chœur.
Cette nef romane fut achevée en 1140, sous l'abbatiat de Ponce de Montboissier.
Comme dans le narthex, son élévation est à deux niveaux (grandes arcades donnant sur le collatéral, et fénêtres hautes). Elle comporte dix travées dont neuf avec des voûtes d'arêtes scindées par des arcs-doubleaux en plein-cintre, supportés par des colonnes à trois étages. Elle comporte deux bas-côtés, voûtés d'arêtes eux aussi et reposant sur des colonnes à chapiteaux historiés. Les arcs-doubleaux sont bicolores du fait de l'alternance entre les claveaux clairs et les claveaux foncés qui les composent.
La dernière travée de la nef, qui jouxte le transept est voûtée d'ogives, ceci pour ménager une transition avec la croisée du transept où commence la partie gothique de l'édifice (chœur et transept). Elle est par conséquent plus haute que les travées de la nef précédentes.
La nef frappe par sa grande clarté, si on la compare avec d'autres sanctuaires romans. Celà est dû à plusieurs facteurs : la position de l'édifice au sommet d'une colline abondamment baignée par les rayons du soleil, la présence de fenêtres hautes donnant directement dans le vaisseau et aussi larges que le permettait la technique romane, l'absence de vitraux aussi, et les collatéraux, eux aussi pourvus de baies de bonne dimension.
Dépouillée de mobilier et de vitraux, les seuls ornements de l'édifice sont constitués par les décors sculptés liés à son architecture, ce qui accentue l'horizontalité des lieux : frise d'oves, chapiteaux étonnamment et superbement décorés des colonnes et base des piles élégamment travaillées. Séparant les deux niveaux de l'édifice un joli ruban plissé court sous les voûtes tout au long des murs gouttereaux, enjambant les abaques (ou tailloirs) des puissantes piles.
Les voûtes d'arêtes qui recouvrent la large nef sont rarement utilisées sur d'aussi grandes portées dans l'architecture romane. Cette technique est généralement réservée aux collatéraux. Ce procédé présente dans l'ensemble des cas l'avantage d'alléger la pression sur les murs porteurs et par conséquent de permettre la création de fenêtres plus grandes (quoiqu'encore de taille assez réduite comme le montrent les photos). Mais il ne résout pas le problème des poussées et du poids. Ainsi à Vézelay, la déformation (le devers) des murs est bien visible si on se place dans le chœur. Elle était inévitable si on considère l'énorme poids de 45 tonnes par travée que les murs devaient supporter. Cette déformation fut rapidement constatée à l'époque, si quoiqu'on dut maintenir la voûte, en premier lieu grâce à des tirants de fer traversant la nef, puis au XIIIe siècle par de solides arcs-boutants extérieurs. Notons que le narthex, puissamment épaulé par ses hauts collatéraux à étage, et pourvu en outre de voûtes à berceau brisé particulièrement surélevées, n'eut pas le même problème et n'a par conséquent pas eu besoin d'arcs-boutants.
Pour un sanctuaire comme Vézelay qui recherchait avant tout la lumière, l'évolution vers le gothique était indispensable, et c'est ce qui advint rapidement avec l'édification dès la fin du siècle d'un chœur et d'un transept gothique, soixante-cinq ans uniquement après le début de la construction romane de cette nouvelle église.
Les chapiteaux de la nef
Les colonnes engagées dans les piles de la nef (et du narthex), sont surmontées de superbes chapiteaux sculptés datant du XIIe siècle. Ces remarquables sculptures datent des années 1125-1140, c'est-à-dire de l'époque du roi Louis VI le Gros et de son fils Louis VII le Jeune. Ils montrent l'extraordinaire maîtrise de la pierre dont firent preuve les sculpteurs bourguignons du Moyen Âge.
Les chapiteaux sont quelquefois, mais rarement sculptés de feuillages ; ils sont pour la majorité historiés et représentent une série de thèmes et sujets bibliques, mythologiques ou fantastiques d'une grande richesse (parmi les plus célèbres on peut citer le fameux Moulin mystique). On trouve aussi un certain nombre de thèmes moralisants, avec à l'avant-plan le châtiment des méchants. Enfin d'autres chapiteaux décrivent certains épisodes de la vie des saints.
La totalité des 118 chapiteaux de la basilique (94 pour la nef et 24 pour le narthex), certainement réalisés par un atelier de cinq maîtres-sculpteurs, est principal de la Bourgogne avec celui de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun. Parmi eux, seuls huit ont été refaits au XIXe siècle. Les fragments originaux de ces derniers se trouvent dans ce cas au musée lapidaire. Les chapiteaux refaits se remarquent facilement à la couleur blanche de la pierre.
Certains sujets paraissent fort étranges. L'Enlèvement de Ganymède par Zeus par exemple, sujet païen et homosexuel de surcroît, semble particulièrement déplacé et anormal dans une église chrétienne, au point qu'on s'est demandé si la scène ne représentait pas autre chose. Certaines rares scènes sont obscures et n'ont pas toujours été interprêtées.
L'enlèvement de Ganymède : Zeus, se transformant en aigle, l'enlève pour en faire son amant et l'échanson des dieux |
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Les chapiteaux du narthex
Tout aussi splendides que les chapiteaux de la nef, ceux du narthex datent de la même époque et traitent le même type de thèmes. Ils sont généralement en excellent état de conservation.
Le chœur gothique
Construit à la fin du XIIe siècle, le chœur est de style gothique de transition, ou gothique primitif. Son élévation est à trois niveaux : grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes. Un peu plus étroit que la nef, il est baigné d'un flot de lumière et donne une grande impression de verticalité, ce qui contraste avec la moindre clarté et les lignes principalement horizontales de la nef. Les voûtes ne reposent plus que sur les faisceaux des piles. Les épais murs porteurs, tels ceux de la nef romane, devenus inutiles, ont été remplacés par de grandes baies vitrées.
Il est entouré d'un déambulatoire sur lequel s'ouvrent neuf chapelles peu profondes, gothiques elles aussi et pourvues de grandes fenêtres vitrées, contribuant à inonder le chœur de lumière. Le déambulatoire prolonge, au delà du transept, les collatéraux de la nef, mais il est nettement plus étroit que ces derniers.
Le chœur lui-même se termine par une abside semi-circulaire à cinq pans, auxquels correspondent cinq chapelles rayonnantes qui communiquent avec le rond-point du déambulatoire.
La pierre blanche utilisée pour la construction du chœur accentue toujours son éclatante luminosité.
Le chœur est plus élevé que la nef. Sa hauteur sous voûte est de 22 mètres contre 18, 55 pour la nef. Le triforium comporte des baies géminées, scindées par une paire de colonnettes jumelées et surmontées d'un arc en plein cintre. Les fenêtres hautes sont à lancette simple.
Les voûtes semblent en contradiction avec les grandes arcades des travées correspondantes : ainsi la voûte de la seconde travée est quadripartite alors que le niveau de la grande arcade correspondante est divisée en deux par une colonne supplémentaire au sud et une double colonne au nord.
La symbolique du chœur
La structure du chœur s'inscrit dans la logique du symbolisme de la lumière, suivant l'idée que le Christ est la «Lumière du Monde». En ce sens, ce chœur apparaît comme le parfait aboutissement de la construction de la basilique, et remplace fort avantageusement l'ancien chœur roman.
Le dépouillement est extrême, l'austérité est quasi totale. Pas de vitraux, pas de chapiteaux historiés, pas de mobilier tant soit peu luxueux. Par de grandes baies, une lumière abondante se répand et enveloppe tout.
Un symbolisme caché règne en ces lieux, et contraste avec l'enseignement fort explicite de la sculpture romane de la nef. Ainsi onze colonnes encadrent ce chœur ; elles représenteraient les onze apôtres rassemblés autour du Christ, lors de la Dernière Cène, après le départ de Judas. Ainsi toujours, au triforium, un pilastre remplace les colonnettes jumelées au niveau de la seconde travée à droite. Il s'agirait du symbole de Judas, la section carrée du pilastre symbolisant le Mal [8].
Le transept
Construit en même temps que le chœur, c'est-à-dire pendant les dernières années du XIIe siècle, en style gothique primitif, le transept n'est pas particulièrement large.
Son élévation est comparable à celle du chœur et comporte par conséquent trois niveaux (grandes arcades, triforium et fenêtres hautes). Chaque croisillon comprend deux travées, qui sont dissymétriques au sud : la première travée possède une baie géminée au niveau du triforium, alors que la seconde n'a qu'une baie simple ; qui plus est , seule la première travée comporte une grande arcade. Chacune des travées du transept (nord et sud) possède des voûtes quadripartites.
Les extrémités des deux croisillons ne possèdent pas de grands portails. Au nord, il existe uniquement une petite porte précédée d'une escalier. Au sud le premier niveau du mur de fond du croisillon consiste en un haut mur qui jouxte le bâtiment de la salle capitulaire.
Le deuxième étage des extrémités de ces croisillons est constitué de belles balustrades pleines ou bahuts décorés d'une série de petites arcatures aveugles, sur lesquels sont posées les colonnettes d'un triforium. Comme au niveau du chœur, ce triforium est constitué de baies géminées coiffées par un arc en plein cintre.
Enfin le troisième et dernier étage est constitué de trois baies d'une seule lancette chacune, qui contribuent à éclairer le transept.
La crypte
La crypte qui se trouve sous le chœur, date de l'époque carolingienne. Elle est assez vaste : 19 mètres de long sur 9 mètres 20 de large. C'est à sa présence qu'est due la surélévation du chœur de la basilique. Elle est couverte de voûtes d'arêtes qui retombent sur douze colonnes de grosseur inégale.
La crypte a contenu les reliques de Marie-Madeleine.
Tourisme
La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay, recevait chaque année un million de visiteurs en 2006 [9].
C'est un chiffre énorme qui place la basilique en huitième position dans le classement des églises de France les plus visitées, après Notre-Dame de Paris (13 500 000), la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (10 500 000), la Basilique Notre-Dame-du-Rosaire de Lourdes (4 700 000), la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (4 000 000), le Mont Saint-Michel (3 250 000), la Cathédrale Notre-Dame de Reims (1 500 000) et la Cathédrale Notre-Dame de Chartres (1 500 000).
Notes et références
- ↑ Base Mérimée
- ↑ Hugues Delautre, Solstices à Vézelay, Zodiaque n° 122, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire (Yonne), Les ateliers de la Pierre-qui-Vire, dépôt légal 1240-3-79, octobre 1979, p. 1 à 6 (Regard renouvelé sur l'église de la Madeleine) suivi de p. 7 à 16 (Entretien au sujet des éclairages des solstices à Vézelay)
- ↑ Hugues Delautre, Jacqueline Gréal, La Madeleine de Vézelay, Guide et plans, Editions Franciscaines, Lescuyer, Lyon, ISBN 2-85020-001-8, 1981, p. 27-29 (Architecture cosmique et mystique de la lumière), traduit en anglais, allemand, espagnol, italien et néerlandais
- ↑ Raymond Oursel, Lumières de Vézelay, Editions Zodiaque, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire (Yonne), ISBN 2-7369-0203-3, 1993, p. 21 et 105-109 (Les tâches solaires)
- ↑ Damien Voreux, Vézelay, Editions Ouest-France, Edilarge, ISBN 2-7373-1608-1, 1994, p. 15-18 (Les jeux de la pierre et du soleil)
- ↑ Eugène Viollet-le-Duc : Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle
- ↑ Eugène Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle (rubrique Porche)
- ↑ Photo du pilastre symbolisant Judas, au triforium du chœur
- ↑ Tourisme en France - Palmarès 2006
- (fr) Les fraternités monastiques de Jérusalem à Vézelay : moines et moniales actuellement à Vézelay.
- (fr) Plan de la basilique de Vézelay
- (fr) Fiche de la basilique sur le site Structuræ
- (fr) Fiche sur le site Architecture religieuse en occident
- (de) Fiche sur le site Gotik-Romanik. de - Photos et plans de la basilique
Sources
- Jean de la Monneraye : Sainte Marie-Madeleine de Vezelay, Paris, Horizons de France - Société Française des presses suisses, 1968.
- Gérard Denizeau : Histoire visuelle des Monuments de France, Larousse, Paris, ISBN 2-03-505201-7, 2003, p. 53.
- Alain Erlande-Brandenburg : Histoire de l'architecture française (Tome 1), Editions du Patrimoine, Mengès, Paris, ISBN 2-856203671, 1995.
- Oursel, Raymond : Bourgogne romane, (7e édition), Édition Zodiaque, La Pierre-qui-Vire (France), 1979.
- Christian Sapin : Vézelay - Abbaye Sainte-Marie-Madeleine (Yonne) , dans Les Dossiers d'archéologie, juillet-août 2002, n° 275.
Pèlerinage
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