Abbaye de Bonne-Espérance

L'abbaye de Bonne-Espérance se situe dans la commune d'Estinnes, à Vellereille-les-Brayeux, en Belgique. Fondée en 1130...



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50° 23′ 10″ N 4° 08′ 23″ E / 50.38611111111111, 4.139722222222223

Abbaye de Bonne-Espérance
Abbaye de Bonne-Espérance (vue générale)
Latitude
Longitude
50° 23′ 10″ Nord
         4° 08′ 23″ Est
/ 50.38611111111111, 4.139722222222223
 
Ville Estinnes
Pays Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Département Province de Hainaut
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Diocèse de Tournai
Début de la
construction
1130
Fin des travaux XVIIIe siècle
Style (s)
dominant (s)
Néoclassique
Gothique
Classé (e) Patrimoine immobilier exceptionnel de la Région wallonne


L'abbaye de Bonne-Espérance se situe dans la commune d'Estinnes, à Vellereille-les-Brayeux, en Belgique. Fondée en 1130 et destinée originellement à l'établissement d'une communauté de chanoines prémontrés, Bonne-Espérance est l'unique abbaye du Hainaut dont les bâtiments ont survécu aux révoltes ainsi qu'aux destructions de la Révolution française[1]. Cet ensemble architectural classé, inscrit sur la liste du «Patrimoine immobilier exceptionnel de la Région wallonne»[2], abrite depuis le 4 mai 1830[3] un établissement d'enseignement primaire et secondaire.

Histoire

La principale source servant à retracer partiellement l'histoire de l'abbaye est l'ouvrage d'Englebert Maghe (42e abbé de Bonne-Espérance) intitulé Chronicum Ecclesiæ Beatæ Mariæ Virginis Bonæ Spei ou, plus simplement, Chroniques de Bonne-Espérance (1704) [4]. Avant la publication de cet ouvrage imprimé, Maghe a dû classer, rassembler et compiler l'ensemble des documents de l'abbaye en un recueil, un cartulaire en dix-huit volumes toujours conservé à l'heure actuelle[5].

Origines

Tout débute avec un certain Raynard, seigneur de Croix-lez-Rouveroy. Guillaume, son fils, est séduit par les idées de Tanchelin (ou Tanchelme), un hérétique qui sévit dans la région d'Anvers. Cependant, le fondateur de l'ordre des Prémontrés, Norbert de Xanten, parvient à convertir Guillaume de Croix à la foi catholique[6]. En signe de reconnaissance, Raynard offre dans ce cas à la communauté de l'abbaye de Prémontré une partie de ses terres localisées à Ramegnies[7], un lieu-dit proche de Merbes-Sainte-Marie et Peissant[8].

Détail de la façade principale - Photo : Jean-Pol Grandmont.

Tandis que Guillaume suit Norbert à l'abbaye de Prémontré, d'autres religieux du même ordre s'établissent à Ramegnies en 1126, afin d'y fonder un nouveau monastère. Ils sont sous la conduite d'un certain Odon, en premier lieu chanoine à Laon, puis à Cuissy, devenant ensuite abbé de Bonne-Espérance. La communauté ne reste pas longtemps à Ramegnies et décide de s'implanter plus tard à Sart-Richevin[7], sur le territoire de Vellereille-les-Brayeux. En 1128, la fondation est érigée en abbaye et , l'année suivante, Odon est appelé premier abbé de la communauté religieuse. Enfin, un second déménagement, en 1130, mène Odon et ses chanoines au site actuel, qui surplombe la vallée de la Haine. Sans doute, ces deux déménagements peuvent s'expliquer par un manque d'eau potable et une instabilité du terrain[9].

L'origine du nom Bonne-Espérance demeure obscure. Ce nom apparaît pour la première fois en 1131 dans une charte de Liéthard ou Liétard, dans ce cas évêque de Cambrai. Selon une première hypothèse, les chanoines, heureux d'avoir enfin trouvé un lieu définitif pour y établir leur communauté, ayant par conséquent bon espoir pour le devenir de la communauté, auraient baptisé leur maison Bona Spes, traduction latine de bonne espérance. La légende dit même qu'en découvrant le site, Odon se serait exclamé «Bonæ spei fecisti filios tuos», qui veut dire en latin «Tu as inspiré à tes fils la bonne espérance» (Sg 12, 19) [10]. La seconde hypothèse prône qu'un culte à Notre-Dame de Bonne-Espérance existait déjà à cet lieu au moment de la fondation de l'abbaye[9].

Développement économique

Les XIIe et XIIIe siècles représentent une période d'important développement économique pour l'abbaye : en deux siècles à peu près, la communauté prend plusieurs milliers d'hectares de terres dispersées çà et là dans le Comté de Hainaut, le Duché de Brabant et le Comté de Namur. À la fin de l'Ancien Régime, on dénombre pas moins de 4 700 hectares de terres[11], ce qui fait de Bonne-Espérance une importante puissance foncière.

Déjà en 1130, les chanoines de Bonne-Espérance ne partent pas de rien : en effet, Raynard offre quelques-uns de ses domaines à l'abbaye, suivi par d'autres généreux chrétiens. Les domaines en question sont rapidement entretenus par les frères convers, qui exercent avant tout une activité manuelle et ne sont normalement pas conçus pour la prêtrise. Ces derniers vivent dans de petits prieurés plus proches des domaines administrés. La situation économique de la communauté reste stable jusqu'au XVIe siècle. Cependant, dès le XIVe siècle, le nombre de frères convers baissant, les chanoines doivent faire appel à des domestiques[12]. Le déclin progressif de cette prospérité de l'abbaye les amène même à licencier presque l'ensemble des gens de métier[13].

Philippe de Harveng

Un personnage-clé des débuts, qui participe substantiellement à la prospérité économique de la communauté, est le frère Philippe de Harveng (né au début du XIIe siècle - mort en 1183), prieur de Bonne-Espérance dès 1130-1131. Vers 1147, Philippe se querelle avec le célèbre moine Bernard de Clairvaux au sujet du transfert d'un religieux de Bonne-Espérance vers l'abbaye de Clairvaux. Cet incident conduit les supérieurs de Philippe à le condamner à l'exil en 1148. Mais, trois ans plus tard, ils reviennent sur leur décision et finissent par l'innocenter. En 1152, Philippe de Harveng peut par conséquent regagner le monastère, dont il devient le deuxième prélat de 1157 à 1182[4].

À côté de la gestion quotidienne de Bonne-Espérance, Philippe de Harveng est un grand intellectuel. On lui attribue plusieurs lettres à caractère théologique ou plus personnelles ; des œuvres d'exégèse comme par exemple un opuscule sur la Damnation de Salomon ; des hagiographies rédigées en prose rimée, comme celle de Feuillien de Fosses, ou encore des commentaires sur le Cantique des cantiques. Certaines de ces œuvres offrent des informations utiles à la compréhension de la vie religieuse durant XIIe siècle, surtout chez les Prémontrés. Enfin, on lui a attribué fréquemment à tort certains poèmes[14].

Le refuge de Bonne-Espérance à Binche (XIIIe siècle).

Guerres et pillages

La première partie du XVIe siècle est marquée dans la région par les affrontements entre les troupes de François Ier de France et celles de Charles Quint. À ce moment-là naissent aussi les tensions entre catholiques et protestants. En 1542, les formations du futur roi Henri II de France, le fils de François Ier, assiègent la ville de Binche, localisée à quatre kilomètres de Bonne-Espérance. Les environs sont infailliblement pillés par les soldats et l'abbaye n'échappe pas au pillage, qui se reproduira à nouveau en 1554[15].

Bien pire toujours, le 10 novembre 1568, en plein contexte de guerres de religion, le prince d'Orange Guillaume Ier d'Orange-Nassau envahit l'abbaye et ses soldats mettent le feu aux bâtiments. La communauté se tourne vers ses refuges établis à Mons ainsi qu'à Binche, mais le premier est lui-même mis à sac en 1572 par les troupes de Louis de Nassau et le second subit le même sort en 1576[16]. S'ensuit dans ce cas une période d'endettement et de précarité pour la communauté norbertine.

Renouveau

Au début du XVIIe siècle, Bonne-Espérance tente de se relever et commence à emprunter des fonds pour pouvoir restaurer les bâtiments abbatiaux. Les chanoines peuvent aussi compter sur de pieux mécènes. En effet, les gouverneurs des Pays-Bas espagnols, les archiducs Albert de Habsbourg et Isabelle d'Espagne se montrent généreux envers les communautés religieuses dont les bâtiments ont été dévastés par les guerres de religion. Bonne-Espérance peut par conséquent bénéficier de grandes restaurations[17].

Cependant, les emprunts se multiplient sous l'abbatiat d'Augustin de Felleries (1642-1671)  : la situation financière de l'abbaye est telle que son successeur, Englebert Maghe (1671-1708), doit faire face à de nombreux procès. Pour la défense de la communauté, il s'attèle à réunir l'ensemble des documents concernant l'abbaye en un précieux cartulaire, dont les dix-huit volumes sont toujours conservés à la bibliothèque à l'heure actuelle[4].

Au XVIIIe siècle, le comté de Hainaut, sous domination autrichienne, connaît une longue période de prospérité et de paix. Un vaste chantier de modernisation des bâtiments de Bonne-Espérance débute dans ce cas dès 1714 avec les réalisations néo-classiques de l'architecte montois Nicolas De Brissy et se termine peu avant la Révolution française avec surtout l'édification, de 1770 à 1776, de la nouvelle abbatiale dessinée par Laurent-Benoît Dewez[18].

Les conséquences de la Révolution française

Après la bataille de Jemappes qui voit s'affronter les troupes révolutionnaires et autrichiennes, la communauté norbertine est contrainte de quitter le monastère, déclaré «bien national» par les révolutionnaires français en 1793. Les Autrichiens reprennent ensuite provisoirement le contrôle de la région et les chanoines regagnent l'abbaye. L'abbaye est cependant pillée par les troupes françaises le 13 mai 1794[13]. Au même moment, les abbayes voisines de Lobbes et d'Aulne sont incendiées et détruites par les soldats du général Charbonnier : plusieurs milliers de manuscrits partent ainsi en fumée.

Le 6 mars 1797, les troupes révolutionnaires françaises chassent définitivement les derniers religieux de Bonne-Espérance. Les bâtiments sont commercialisés et racquiss en secret par la communauté via le fermier de la Basse-Cour[19]. Mais les difficultés à reprendre la vie monastique sont telles que les derniers chanoines survivants se résolvent, le 29 décembre 1821, à faire don de leur abbaye au séminaire épiscopal du diocèse de Tournai[20]. L'évêché de Tournai décide dans ce cas, le 4 mai 1830[3], d'ouvrir dans les bâtiments de l'abbaye un «petit séminaire», c'est-à-dire un établissement d'enseignement secondaire destiné en premier lieu à la formation des prêtres[21].

Vie quotidienne des chanoines

Les communautés norbertines suivaient la Règle de saint Augustin. La vie monastique s'y partageait entre vie contemplative et vie active, selon le vœu de saint Norbert.

La vie contemplative et intellectuelle

Des offices nommées Matines (lectures de psaumes) et Laudes avaient lieu avant l'aube. Les Laudes comprenaient généralement trois psaumes, une lecture et un cantique biblique. La journée du chanoine commençait d'ordinaire vers 4 heures du matin. Avaient lieu dans ce cas des messes, une méditation, l'office de Prime (au lever du jour) et la coulpe, c'est-à-dire la confession publique de ses péchés. Vers 7 heures 30 du matin, les jeunes prenaient part à la leçon de théologie, alors que les plus anciens s'adonnaient à des études quelconques. À 9 heures était célébré l'office de Tierce, suivi d'une grand-messe conventuelle et de l'office de Sexte. Vers 10 heures 30 reprenait une période d'étude jusqu'au dîner. À 11 heures 30, un chanoine sonnait la cloche pour annoncer le dîner. Le dîner se prenait dans le silence et un chanoine récitait, depuis la chaire, des versets de la Bible. La discussion entre chanoines était néanmoins autorisée, un dîner par semaine.

Après dîner, la communauté se rendait à l'église pour le Miserere et l'office de None. Ces offices suivis, les chanoines avaient droit à un temps de récréation et , une fois par semaine, à une promenade. Après la récréation, ils se remettaient à étudier jusqu'aux Vêpres. L'office terminé, chacun rejoignait sa chambre pour une dernière période d'étude. Vers 5 heures du soir venait le souper ou collation, toujours pris en silence. Une ultime récréation précédait l'office de Complies, à 7 heures du soir ; vers 8 heures, n'importe qui allait dormir[22].

La bibliothèque

La pièce qui sert toujours de bibliothèque actuellement date de la prélature de l'abbé de Patoul, c'est-à-dire vers 1713-1718, mais il est attesté qu'une autre pièce de 1510-1537 servait jusque là de bibliothèque[23]. Ce local a été entièrement rénové et sert aujourd'hui de salle de conférence. La copie des manuscrits a eu lieu dès le début à Bonne-Espérance et même après la naissance de l'imprimerie[24].

À la fin du XVIIIe siècle, bon nombre d'ouvrages ont disparu ou ont été déplacés à des lieux divers[5]. Cependant, quelques manuscrits se trouvent toujours à Bonne-Espérance :

D'autres manuscrits sont conservés à des lieux divers, comme à la bibliothèque de l'Université de Mons-Hainaut, à la Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles, à l'abbaye de Maredsous, à La Haye, à Paris ou encore à Tournai. Parmi ceux-ci, on peut mentionner :

La vie «séculière»

Anderlues, l'église St-Médard - Photo : Jean-Pol Grandmont.

Dès la fondation de l'abbaye, il arriva que des chanoines fussent nommés à exercer le ministère paroissial, c'est-à-dire la fonction d'un prêtre de campagne. En effet, de nombreuses paroisses des régions avoisinantes appartenaient à l'abbaye. Il s'agissait, dans l'ordre alphabétique, des cures d'Anderlues, Bois-d'Haine, Carnières, Chaumont-Gistoux, Courcelles, Croix-lez-Rouveroy, Erquelinnes, Familleureux, Fayt-lez-Manage, Feluy, Gentinnes, Gouy-lez-Piéton, Haine-Saint-Paul, Huizingen, Leugnies, Mont-Sainte-Aldegonde, Mont-Sainte-Geneviève, Morialmé, Morlanwelz, Orbais, Ressaix, Seneffe, Senzeille, Sombreffe, Soumoy, Thorembais-Saint-Trond et , non loin de la communauté, Vellereille-les-Brayeux[26].

Cette similitude avec le clergé séculier n'est qu'apparente. En effet, les chanoines en paroisse devaient toujours obéir à l'abbé et revenir dans la communauté s'il leur en avait donné l'ordre. Qui plus est , ils devaient, comme à l'abbaye, vivre pauvrement, jeûner, s'abstenir régulièrement, manger avec frugalité... Il n'étaient pas libre de circulation et ne pouvaient, par exemple, rendre visite à leurs parents sans autorisation de l'abbé. Toute action temporelle ou personnelle des Norbertins était régie par l'abbé, le ministère paroissial restant de l'autorité de l'évêque de Cambrai.

Trois sources de revenus incombaient au chanoine en paroisse. La première était, évidemment, la dîme. La seconde consistait en douaires, c'est-à-dire des ressources nécessaires à l'entretien de l'église et du presbytère, en ce compris le salaire du prêtre en fonction. La dernière provenait du casuel, en d'autres termes les offrandes versées par les fidèles lors de la messe. [27]

La vie charitable

On sait qu'une infirmerie existait à Bonne-Espérance depuis 1260. On y soignait et logeait des jeunes malades, des vieillards ou même des invalides de la région. Toujours, l'abbaye de Bonne-Espérance a eu le souci d'accueillir les plus démunis et les gens du peuple devaient avoir énormément de considération pour cette communauté qui les soignait et les nourrissait. En 1787, on mentionne d'ailleurs que l'argent consacré aux aumônes ainsi qu'aux frais d'hospices représentait le quart des revenus engrangés par l'abbaye. Ces revenus provenaient des nombreuses dépendances (fermes, terres, extractions de charbon) que possédait l'abbaye. [24]

Architecture

Le jardin botanique et les bâtiments de l'aile gauche en vue aérienne - Photo : Jonathan Nélis

Des premières constructions en style roman, il ne reste rien. Par contre, plusieurs pièces de style gothique subsistent, comme le cloître, la salle capitulaire, la cuisine, la tour de la basilique et quelques éléments de l'ancienne abbatiale (fenêtres, colonnes) intégrés dans les murs de l'actuelle basilique. L'essentiel de l'abbaye, de style néoclassique, date en fait du XVIIIe siècle. Par après, d'autres annexes ont été construites, aux XIXe et XXe siècles, la dernière réalisation en date étant le bassin de natation du Collège, en 1969.

Comme signalé plus haut, le site abbatial est membre du patrimoine majeur reconnu comme tel par la Région wallonne depuis plusieurs décennies. Durant les années 90, la basilique de Bonne-Espérance a bénéficié de subsides conçus pour la restauration extérieure de cette abbatiale et de sa tour : 95% de ces subsides provenaient de la contribution de la Région wallonne en matière de sauvegarde du patrimoine majeur, les 5% restants représentant l'argent récolté par l'association sans but lucratif (ASBL) Les Compagnons de l'Abbaye mais également les subsides versés par la Commune d'Estinnes. Enfin, d'importantes restaurations des bâtiments entourant le jardin ont débuté en 2005, toujours grâce à des subsides de la Région wallonne, de la commune d'Estinnes ainsi qu'à la générosité des anciens et amis de Bonne-Espérance impliqués dans l'une ou l'autre ASBL.

Plan du site

Plan des bâtiments abbatiaux et des récentes annexes, tels qu'on peut les admirer en 2008. - Illustration : Jonathan Nélis

La façade et les ailes du jardin botanique

Aile gauche (1767) - Photo : Jonathan Nélis
Entrée de l'ancienne basse-cour (1765-1769) - Photo : Jonathan Nélis

Il faut savoir qu'à l'époque, le jardin botanique n'existait pas. En lieu et place de ce jardin se déployait une cour, dite «Cour d'honneur», et qui datait du XVIIe siècle. L'ensemble des bâtiments entourant le jardin datent, eux, du XVIIIe siècle.

En entrant dans ce jardin, on peut remarquer en premier lieu de chaque côté un bâtiment présentant en son centre une ancienne porte charretière surmontée d'une tourelle. Le bâtiment de gauche est occupé actuellement par la section primaire du collège, alors que celui de droite fait partie de l'ancienne «basse-cour» (1765-1769), toujours habitée aujourd'hui. Le regard se tourne ensuite vers la façade principale au centre et les deux ailes principales du jardin, de style néoclassique : elles sont l'œuvre de Nicolas De Brissy, architecte venant de Mons.

La façade (1738-1741), d'une longueur de 76 mètres, est flanquée de deux pavillons, dont celui du père abbé à gauche. Le reste du bâtiment de façade était quant à lui destiné au logement des hôtes. On remarque que le centre de la façade est constitué seulement de pierre : c'est par là que les hôtes de marque accédaient à leurs appartements. On accède dans ce cas à l'étage de cet ancien quartier des hôtes par un large escalier en pierre bleue et en chêne sculpté. Les deux rampes de l'escalier présentent des motifs en forme de lyre et se rejoignent à l'étage pour former une balustrade.

L'aile principale de gauche (1767) présente en son centre un portail surmonté d'un cadran solaire. Celle de droite (1760) présente quant à elle plusieurs baies vitrées en arcade. À côté de cette aile principale de droite, entre l'aile et la façade, subsiste un large portail nommé portail de Felleries, construit sous la prélature de l'abbé éponyme.

Le quartier abbatial

Le pavillon à gauche de la façade abritait les appartements du père abbé : on y accède via un escalier de chêne en courbe. À l'étage se trouve un oratoire datant du milieu du XVIIIe siècle, lambrissé de chêne, avec son autel. Le motif du parquet de l'oratoire représente une étoile, alors que le plafond représente Dieu dans les nuages en trompe-l'œil. L'existence d'un quartier abbatial à Bonne-Espérance est attestée dès la fin du XVe siècle, quartier rénové vers 1570-1588, agrandi en 1640.

Le cloître

Le cloître (aile sud) - Photo : Jonathan Nélis

Le cloître de Bonne-Espérance, de style gothique, date de la seconde moitié du XIIIe siècle : les ailes sud, est et ouest ont été achevées à la mort de l'abbé Adam de Cousolre, c'est-à-dire en 1286, alors que l'aile nord fut achevée quelques années plus tard[28]. Représentant le plus ancien vestige des bâtiments de l'abbaye, le cloître de Bonne-Espérance entoure actuellement un jardin intérieur.

Sur le plan architectural, chaque aile du cloître compte neuf travées. Chacune des travées est couverte de croisées d'ogives quadripartites, aux nervures retombant sur des culs-de-lampes en pierre blanche d'Avesnes ou, plus tardifs, en pierre bleue d'Écaussinnes[29].

La totalité a par conséquent conservé son aspect gothique, mais plusieurs éléments montrent que le cloître a subi des remaniements aux XVIe et XVIIIe siècles. Il restera ouvert sur le jardin intérieur jusqu'en 1715, date à laquelle des murs de briques et pierres, percés de fenêtres en plein cintre, viendront remplacer les arcades ouvertes sur le jardin.

Le réfectoire
Le réfectoire (1738).

Le premier réfectoire qu'a connu Bonne-Espérance datait du XIIe siècle. On sait aussi qu'un nouveau réfectoire avait été reconstruit entre 1510 et 1537. Ce dernier a été démoli au début du XVIIIe siècle pour laisser la place à celui qu'on peut toujours admirer actuellement. L'actuel réfectoire date, lui, de 1738.

Le long des murs sont disposés des bancs en chêne que supportent des consoles cannelées. Sur ces mêmes bancs, devant lesquels on dressait les tables, s'asseyaient les chanoines pour prendre leurs deux repas quotidiens.

Dans le coin gauche du côté ouest se trouve une chaire d'où le lecteur récitait à haute voix durant le repas des passages de la Bible. À l'avant de cette chaire de bois, on remarque un bas-relief représentant un évêque barbu. Les spécialistes pensent qu'il s'agit de saint Augustin. À droite de la chaire se trouve une toile cintrée, représentant le Christ en croix, entre la Vierge Marie et saint Jean.

Apparition de la Vierge à Norbert, une des cinq scènes de la vie de Norbert de Xanten, dans le réfectoire des chanoines - Photo : Jonathan Nélis

La paroi sud est presque entièrement recouverte de toiles, cintrées et enchâssées dans des boiseries en chêne (hauteur maximale : 2, 80 m ; largeur : 1, 30 m). Cinq scènes, peintes par Bernard Fromont (1715-1755), de Valenciennes, racontent la vie de saint Norbert. La première évoque la conversion de Norbert, en 1115, sur la route de Xanten à Vreden (villes d'Allemagne, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Une vision, qui le mènera à sa conversion, le surprend alors qu'il est à cheval. Sur cette toile, Norbert gît non loin de son cheval. Sur la seconde scène, on peut reconnaître la Vierge Marie avec Jésus. Des anges présentent à saint Norbert l'habit blanc qui sera porté par les Norbertins. Le fondateur de l'Ordre prêche à Anvers, sur la troisième toile. Sa prédication en 1122, du parvis d'une église anversoise, vise Tanchelin, hérétique représenté torse nu et contorsionné. La quatrième toile raconte l'entrée à Rome de Norbert. Ce dernier avait contribué à la remise sur le trône du pape Innocent II, chassé par l'antipape Anaclet II. Saint Norbert est vêtu de blanc, coiffé du chapeau d'archevêque. Enfin, la dernière scène représente Norbert alité, se préparant à la mort, en juin 1134. Plusieurs disciples entourent l'abbé malade.

Ces cinq toiles ont été exécutées par Fromont entre 1740 et 1755. L'iconographie de ces scènes a été puisée dans des estampes de Corneille Galle, éditées à Anvers en 1622.

Enfin, le plafond est voûté, ses arcs doubleaux en pierre moulurée reposant sur des consoles qui surmontent des pilastres de chêne.

La cuisine

La cuisine (XVIe siècle).

La cuisine actuelle date du milieu du XVIe siècle et est de style gothique. Elle sert toujours aujourd'hui à la préparation des repas. Deux piliers de pierre divisent le local en deux nefs de trois travées.

Des fouilles effectuées en 1957 ont mis au jour, 1m sous l'actuel niveau, un pavement datant de la première moitié du XVIIe siècle et , 1m40 sous l'actuel niveau, un pavement toujours plus ancien sur lequel reposait la base des colonnes.

La salle capitulaire

La salle capitulaire présente des voûtes de style gothique et date de la fin du XIIIe siècle, ou alors du début du XIVe siècle. Cette salle se compose de deux fois trois travées, deux colonnes centrales recevant la retombée des nervures des six travées. On sait aussi que le mur du côté est fut bâti bien après la construction d'origine de cette salle : en fait, la salle capitulaire était plus vaste, de forme carrée, et comportait quatre colonnes centrales, qui elles-mêmes ont subi des modifications ultérieures. À l'époque aussi, de larges baies assuraient la communication entre l'aile est du cloître et cette salle : elles ont été remplacées par un mur plus récent.

La basilique et la sacristie

L'actuelle abbatiale, de style néoclassique, est l'œuvre d'un célèbre architecte des Pays-Bas autrichiens, Laurent-Benoît Dewez. Il s'agit en fait de la troisième église érigée à cet lieu. Une première abbatiale, dont on n'a gardé aucune trace, est construite en 1132. Par la suite, une tour y est ajoutée en 1212 : celle-ci est conservée pour la construction de la seconde église entre 1266 et 1274 avant de s'écrouler en 1277. La second édifice, de style gothique, couvre sur 64 mètres de longueur. Lors de travaux de rénovation entre 1473 et 1495, on y ajoute une tour gothique qu'on peut toujours admirer actuellement. Cette abbatiale est la proie des flammes en 1568, puis restaurée au début du XVIIe siècle. Après sa démolition, il est décidé de la remplacer par l'actuelle abbatiale, construite entre 1770 et 1776.

En 1957, une lettre apostolique du pape Pie XII élève l'abbatiale Notre-Dame de Bonne-Espérance au rang de basilique mineure.


Le Petit Séminaire et le collège Notre-Dame de Bonne-Espérance

  • 4 mai 1830 : ouverture des premiers cours d'«humanités» à Bonne-Espérance.
  • 1834 : ouverture d'une section de philosophie préparatoire au grand séminaire
  • 1838 : ouverture de la première «école normale» primaire belge, conçue pour la formation des instituteurs
  • 1925 : transfert de l'école normale à Braine-le-Comte
  • 1968 : transfert de la section de philosophie à Louvain

Bonne-Espérance était dans ce cas un internat ouvert seulement aux garçons. Il s'agissait, pour le diocèse de Tournai, d'y former de futurs prêtres catholiques. La société évoluant, Bonne-Espérance devient en 1985 un collège mixte et ouvert aux élèves externes. L'internat, toujours réservé aux garçons, est toujours occupé à ce jour par une petite centaine d'élèves.

Anciens élèves

Architecture propre aux besoins du Collège

Le moulin et la boulangerie - Photo : Jonathan Nélis

Associations tournant autour de Bonne-Espérance

  • L'Association royale des Anciens de Bonne-Espérance (1880), constituée en association sans but lucratif (ASBL) depuis 2005, soutenue par ses Régionales :
    • Association régionale des Anciens de Bonne-Espérance, région de Charleroi (ARABE), de 1923
    • Association bruxelloise des Anciens de Bonne-Espérance (ABABE), de 1926
    • Association montoise des Anciens de Bonne-Espérance (AMABE), de 1946
    • Association du Centre des Anciens de Bonne-Espérance (ACABE), de 1973
  • Les Amis de Bonne-Espérance, ASBL (1947)
  • Les Compagnons de l'abbaye de Bonne-Espérance, ASBL (1973)
  • La Maison de la Mémoire de Bonne-Espérance, ASBL (1993)
  • La Fête de la Moisson, ASBL (1994)
  • Le Projet épiscopal de Bonne-Espérance, ASBL
    • La gestion de la Maison diocésaine
    • La gestion de la Basilique
  • Football-Études de Bonne-Espérance, ASBL
  • L'Association des Parents du Collège

Abbayes prémontrées en Belgique

Abbayes voisines de Bonne-Espérance

Ouvrages consacrés à Bonne-Espérance
  • Albert Milet, Bonne-Espérance : histoire d'une abbaye prémontrée aux XVIIe et XVIIIe siècles, Quorum, Ottignies, 1994 (ISBN 2930014245) .
    Compilation d'articles rédigés par Albert Milet sur l'histoire et l'archéologie de l'abbaye.
  • Philippe Pêtre & Pierre Peeters, L'Abbaye de Bonne-Espérance. 1130-2005, Incipit, Tournai, 2005 [prés. en ligne].
    Plus de 200 illustrations de qualité concernant de près ou de loin Bonne-Espérance.
  • Edmond Puissant, Bonne-Espérance, Union des imprimeries, Mons/Frameries, 1930.
    Publication du Congrès archéologique et historique de Mons.
  • Lucy Tondreau, L'Ancienne abbaye de Bonne-Espérance, Fédération du tourisme de la Province de Hainaut, Mons, 1973.
    Points de vue artistique et archéologique sur l'abbaye.

Sur Philippe de Harveng

  • Ursmer Berlière, Philippe de Harvengt. Abbé de Bonne-Espérance c. 1157-1183. Conférence faite à la réunion des Anciens Élèves de Bonne-Espérance le 20 septembre 1923, Éditions de la Terre wallonne, Charleroi, 1923.
  • G. P. Sijen, «Philippe de Harveng, abbé de Bonne-Espérance : sa biographie» dans Analecta Præmonstratensia, vol. 14, 1938, pp. 37 à 52.

Ouvrages généraux

  • Albert D'Hænens (dir. ), Abbayes de Belgique. Guide, Dewincklear, Bruxelles, 1973, pp. 54 à 71.
  • Le patrimoine majeur de la Wallonie. Liste du patrimoine exceptionnel arrêtée par le Gouvernement wallon le 08/06/1993 sur la proposition de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, Éditions du Perron, Alleur, 1993, pp. 112 à 115 (ISBN 2871141029) .
  • Le patrimoine monumental de la Belgique, vol. 10, t. 1, A-E, Province de Hainaut, Arrondissement de Thuin, Mardaga, Liège, 1983, pp. 427 à 447 (ISBN 2802100459) .

Revue

  • Bona Spes. Bulletin de l'Association royale des anciens du collège Notre-Dame de Bonne-Espérance, Vellereille-les-Brayeux.
    Revue publiée depuis 1935, de périodicité irrégulière. Référence pour l'histoire et la vie du collège.

Références

  1. Lucy Tondreau, L'Ancienne abbaye de Bonne-Espérance, p. 3
  2. Monument classé par Arrêté royal du 22 janvier 1973 (Le patrimoine majeur de la Wallonie, p. 112)
  3. ab Paul Clément, Histoire du «Petit Séminaire» de Bonne-Espérance, dans Bona Spes n° 141, octobre 2000, p. 43
  4. abc Albert D'Hænens (dir. ), Abbayes de Belgique. Guide, p. 69 et Philippe Pêtre et Pierre Peeters, L'Abbaye de Bonne-Espérance. 1130-2005, p. 35
  5. ab Le Guide en ligne des manuscrits médiévaux Wallonie-Bruxelles dresse l'inventaire des manuscrits conçus et/ou conservés à Bonne-Espérance.
  6. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 15 et Edmond Puissant, Bonne-Espérance, p. 3
  7. ab Les documents d'époque citent les noms de Ramelgeis et Sartum Richwini, comme expliqué dans Edmond Puissant, op. cit. , p. 3
  8. Edmond Puissant, op. cit. , p. 3 et Albert D'Hænens, op. cit. , p. 57
  9. ab Albert D'Hænens, op. cit. , p. 57
  10. Cette légende est rapportée dans l'article de Martin Geudens, The Abbey of Bonne-Espérance dans la Catholic Encyclopedia de 1913
  11. 3 364 bonniers, soit à peu près 4 709 ha (Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 22)
  12. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 22
  13. ab Albert D'Hænens, op. cit. , p. 58
  14. Ursmer Berlière détaille le contenu de ces œuvres dans Philippe de Harvengt. Abbé de Bonne-Espérance c. 1157-1183, pp. 13-14
  15. Edmond Puissant, op. cit. , p. 5
  16. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 32
  17. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , pp. 33 à 34
  18. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 36
  19. Albert Milet, Bonne-Espérance : histoire d'une abbaye prémontrée aux XVIIe et XVIIIe siècles, p. 61
  20. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 38
  21. À vrai dire, il existait une clause dans le contrat signé entre le diocèse de Tournai et la communauté : une rétrocession des biens était envisageable au cas où la communauté renaitrait avant la mort du dernier chanoine. Le 19 juin 1856, à la mort du tout dernier chanoine, André-Joseph Dailly, le séminaire épiscopal de Tournai devint définitivement propriétaire des bâtiments abbatiaux. Le détail de l'ensemble des démarches juridiques entreprises au début du XIXe siècle est expliqué dans l'ouvrage d'Albert Milet, op. cit.
  22. Lucy Tondreau, op. cit. , p. 33 mais aussi G. M. Lebrun, L'abbaye prémontrée de Bonne-Espérance avant la Révolution française, dans Revue de l'Ordre de Prémontré et de ses Missions, t. X, 1908, cité par Albert D'Hænens, op. cit. , p. 70
  23. ab Albert D'Hænens, op. cit. , p. 67
  24. ab Lucy Tondreau, op. cit. , p. 33
  25. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 16
  26. Lucy Tondreau, op. cit. , p. 33 et Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 17
  27. Philippe Pêtre et Pierre Peeters, op. cit. , p. 19
  28. Le patrimoine monumental de la Belgique, p. 432.
  29. Lucy Tondreau, op. cit. , p. 10

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