Jean-Baptiste Courtalon

L'Abbé de Courtalon, né à une date inconnue et décédé après 1795, était un géographe français. Son prénom et ses dates exactes ne sont pas connues de façon certaine, mais on peut l'identifier avec Jean-Baptiste Courtalon, clerc de la chapelle...



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Abbé - Abbaye - Géographe français - Cartographe français - Date de naissance inconnue (XVIIIe siècle) - Décès en 1795

L'Abbé de Courtalon, né à une date inconnue et décédé après 1795, était un géographe français. Son prénom et ses dates exactes ne sont pas connues de façon certaine, mais on peut l'identifier avec Jean-Baptiste Courtalon, clerc de la chapelle et oratoire du château de Versailles[1]. Il a joué un rôle dans l'introduction de la géographie caméraliste allemande en France.

Eléments de biographie

L'abbé Courtalon était précepteur des pages de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe. Une liste des officiers de la Maison de la Dauphine, lors de son décès en 1767, le signale comme l'un des quatre clercs de la chapelle, avec 636 Livres de revenus. D'autre part, le précepteur des pages, non appelé, perçoit 1885 Livres[2]. Après la mort de Marie-Josèphe de Saxe en 1767, l'abbé occupe le même poste comme précepteur des pages de Madame[3] et probablement clerc de la chapelle et oratoire de la maison du Roi. Les Comptes de la maison du Roi de 1775 sont les seuls à livrer son prénom, Jean-Baptiste[1]. Le nom de Courtalon n'apparait néenmoins, avec une orthographe fautive, dans l'Almanach royal qu'en 1782, comme chapelain par quartier[4], à la place de l'abbé Bégon[5] ; mais ces erreurs de mise à jour sont habituelles, en particulier pour les charges mineures. Il conserve cette charge jusque la fin de l'ancien régime[6].

Cette charge de clerc de la chapelle du roi est la moins élevée dans la hiérarchie ecclésiastique de Versailles, mais on peut prétendre sans pour tout autant être noble. Elle consiste à servir les petites messes, ou à suppléer les chapelains du Dauphin et des Enfants de France en leur absence. Au nombre de huit, se relayant deux par deux, ils reçoivent 180 livres de gage, plus 75 pour les fournitures de la chapelle, et mangent à la table des aumôniers[7]. L'abbé de Courtalon appartient par conséquent à la petite cour, c'est-à-dire au personnel de service de Versailles.

La reine Marie-Antoinette aimait les souvenirs de son pays natal, auxquels elle avait consacré une salle du Petit Trianon. L'abbé de Courtalon avait proposé, à son attention, une machine cartographique de son invention. Une note glissée dans l'exemplaire de son Atlas à la bibliothèque nationale en donne la description : les cartes de l'Atlas étaient glissées dans un cadre sous verre de 92 x 70 cm, pourvu d'une manivelle qui permettait de les faire défiler. On ne sait pas si la reine accepta de voir la machine de Courtalon, mais elle témoigne à la fois des ambitions courtisanes du petit abbé, et de son intérêt pour les nouvelles méthodes cartographiques[8].

Quoique Courtalon semble avoir cessé d'écrire après son Atlas, il ne fut pas oublié : le décret du 18 fructidor an III, préparé par le Comité d'instruction publique[9], octroyant des pensions à des hommes de lettres dans le besoin, attribua 1500 livres à Courtalon, en souvenir de son Atlas[10]. Mal connu, l'abbé Courtalon est quelquefois confondu avec son homonyme, l'abbé Jean-Charles Courtalon-Delaistre, historien de Troyes[11]. Émile Socard, qui a eu accès aux archives familiales de ce dernier, considère qu'ils sont cousins, sans publier aucune pièce justificative [12] ; il est par conséquent envisageable que l'abbé Courtalon soit venant de Troyes.

L'Atlas élémentaire de l'Empire d'Allemagne

Carte du Cercle de Souabe, extraite de l'Atlas de l'abbé de Courtalon

Courtalon n'est connu que pour un seul ouvrage publié en 1774, aussi court qu'apprécié, et sur lequel il aurait travaillé dix ans[3] : Atlas élémentaire où on voit sur des cartes et des tableaux relatifs à l'objet l'état actuel de la Constitution Politique de l'Empire d'Allemagne. Ce recueil de cartes présentait un un tableau complet de la situation politique extrêmement complexe et enchevêtrée de l'Allemagne du XVIIIe siècle, éclatée en 333 états. Florimond de Mercy-Argenteau, ambassadeur de l'Empire écrivait lui-même à Courtalon, que son ouvrage «servira de guide dans un labyrinthe, jusqu'ici inaccessible aux étrangers»[13]. La gravure des planches de l'Atlas était due à Desbrulins fils.

L'importance du travail de Courtalon se mesure à la complexité de la situation allemande. lui même rédigé : «L'Allemagne est d'ailleurs la parte de la géographie qui est la plus complexe à étudier, parce que c'est l'Empire où il y à le plus de parages dans le gouvernement spécifique, le plus de détails dans la distribution des provinces, le plus de contrariétés dans les auteurs qui ont traités des divers partie de cette contrée»[14], jugement auquel répond celui de Büsching : «Quand j'ai mis la première main à cette partie de ma géographie, j'ignorais ou plutôt je ne présumais pas que l'Empire germanique, malgré tant de traités géographiques que nous avons, fut aussi peu connu de nous autres Allemands que je l'ai trouvé ensuite en faisant les recherches nécessaires.»[14]

L'Atlas s'appuyait essentiellement sur les rédigés du juriste Johann Jacob Schmauss, sur les géographes allemande de l'école caméraliste, Anton Friedrich Büsching, et sur leurs disciples alsaciens, Mathias Joseph Gérard de Rayneval et Christian-Friedrich Pfeffel, qui accordaient plus d'importance aux aspects humains, institutionnels et économiques qu'à la géographie physique[15]. Cette conception se reflète dans les cartes de Courtalon, qui choisit par exemple de représenter les routes postales par de simples droites, «il n'appartient qu'à la Topographie de dessiner les courbures & les sinuosités, telles qu'elles existent sur le terrein»[3] explique L'Année littéraire de Fréron, qui lui consacre une longue recension[3]. Comme le remarquait Bertrand Auerbach, «La difficulté n'était point d'ordre géographique - la géographie propre était méconnue et sacrifiée, - elle naissait de la complexité politique.»[16]

En revanche le cartographe a multiplié les procédés servant à donner des informations sur les productions agricoles et industrielles. Plusieurs cartes sont aussi consacrées à la géographie historique de l'Allemagne[3]. Ces caractéristiques font de l'abbé de Courtalon, malgré la brièveté de son œuvre, l'un des introducteurs de la géographie caméraliste allemande en France.

Anton Friedrich Büsching considérait l'Atlas de Courtalon comme le meilleur ouvrage géographique français consacré à l'Allemagne[13]. La première édition eut un tirage limité à 500 exemplaires, beaucoup conçue pour l'Allemagne[3]. Le Mercure de France lui réserva un bon accueil, quoiqu'il se contenta de quelques lignes de commentaires laudateurs ajoutés après le titre et la table des matières - qui occupent, il est vrai, près de deux pages complètes[17].

Postérité

Lors du Congrès de Rastadt, où fut discuté le sort des états allemands occupés par la République, le député Jean Antoine Debry, l'un des trois membres de la délégation française, écrivait au ministre des affaires étrangères, Talleyrand, que son collègue Roberjot et lui-même avaient fait des estimations sur le plan de sécularisation des États de la rive gauche du Rhin. Il précisait : «nous vous adressons par ce le résultat des idées que ce sujet nous à fait naître et que nous avons puisées dans Courtalon, comme nous nous sommes aidés de Büsching et de quelques éléments locaux, comparés entre eux pour l'évaluation des pertes et des masses d'indemnisation»[18]. L'historien américain Walter Goffart suggère que la seconde édition réactualisée de l'Atlas de Courtalon, réalisée en 1798 par Edme Mentelle et Pierre-Gilles Chanlaire, avait été faite dans le cadre de ces négociations[19].

Œuvre

Notes et références

  1. ab Comptes de Louis XVI publiés par le comte de Beauchamp selon le manuscrit autographe du Roi conservé aux Archives nationales, Paris, Henri Leclerc, 1909 (lire en ligne) .
  2. Casimir Stryienski, La mère des trois derniers Bourbons, Marie-Josèphe de Saxe et la cour de Louis XV, selon des documents inédits tirés des Archives royales de Saxe, des Archives des affaires étrangères, etc. , réed. Elibron Classics, 2001, 440 pages.
  3. abcdef L'Année littéraire, vol. VI, Paris, Le Jay, 1774, pp. 198-207 (lire en ligne).
  4. Almanach royal année MDCCLXXXII présenté à sa majesté pour la première fois en 1699 par Laurent d'Houry, ayeul de l'éditeur, Paris, D'Houry, 1782, p. 119 (lire en ligne).
  5. Almanach royal année MDCCLXXXI présenté à sa majesté pour la première fois en 1699 par Laurent d'Houry, ayeul de l'éditeur, Paris, D'Houry, 1781, p. 117 (lire en ligne).
  6. Almanach royal année MDCCLXXXIX présenté à sa majesté pour la première fois en 1699 par Laurent d'Houry, ayeul de l'éditeur, Paris, D'Houry, 1789, p. 124 (lire en ligne)
  7. William Ritchey Newton, La Petite Cour. Services serviteurs à la Cour de Versailles au XVIIIe siècle, Fayard, 2006, pp. 47-48.
  8. Gustaves Desjardins, Le Petit-Trianon, histoire et description, Versailles, L. Bernard, 1885, p. 193.
  9. James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale. T. 5.17 fructidor an II (3 sept. 1794) - 30 ventôse an III (20 mars 1795) , Collection de documents inédits sur l'histoire de France, Paris, Imprimerie nationale, 1904, p. 456-457 (lire en ligne).
  10. Code des sciences et des arts, Paris, Rondonneau, an XIII - 1805, p. 53 (lire en ligne)
  11. Coquebert de Taizy, notice Jean-Charles Courtalon-Delaistre, Biographie universelle ancienne et moderne, Paris, Michaud frères, 1813, t. X, p. 109-110.
  12. Émile Socard, Notice biographique et littéraire sur Courtalon-Delaistre, curé de Sainte-Savine-lès-Troyes , Troyes, Dufey-Robert, 1855.
  13. ab Antoine Sabatier de Castre, Les trois siècles de la littérature françoise, ou Tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François Ier, jusqu'en 1773, par ordre alphabétique, t. IV, La Haye, s. n., 1779, 4 ed., pp. 266-268.
  14. ab Cité par Bertrand Auerbach dans son Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, vol. XVIII : Diète germanique, avec une instruction et des notes par Bertrand Auerbach, Paris, 1912, pp. i-ii.
  15. Guillaume Garner, État, économie et territoire en Allemagne. L'espace dans le caméralisme et l'économie politique (1740-1820) , Paris, éditions de l'EHESS, 2006 (coll. Civilisations et Sociétés, 122), 436 p.
  16. Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu'à la Révolution française, vol. XVIII : Diète germanique, avec une instruction et des notes par Bertrand Auerbach, Paris, 1912, p. ii.
  17. Mercure de France, Paris, Lacombe, janvier 1775, pp. 185-187.
  18. Lettre du 10 janvier 1798, publiée dans Paul Montarlot et Léonce Pingaud, Le Congrès de Rastatt (11 juin 1798-28 avril 1799). Correspondance et documents, t. II, Paris, Alphonse Picard, 1912, pp. 304-307 (lire en ligne).
  19. Walter Goffart, Historical AtlasesThe First Three Hundred Years, 1570-1870, Chicago, University of Chicago Press, 2003, p. 491.

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